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Comment changer la perception du temps ?

Sylvain Audinovski • nov. 18, 2022

Voici les 3 techniques que nous utilisons en orchestre pour reprendre (un peu) la maîtrise du temps. 

Lettres du Chef qui Ouvre l'Orchestre

LE TEMPS DANS L'ORCHESTRE

Lorsque j’observe le chef d’orchestre Herbert von KARAJAN en répétitions, je m’interroge sur la notion de temps. 

Comment Karajan travaille-t-il avec son orchestre?  cliquez sur l'extrait


Même si l'extrait est en allemand et que vous ne parlez pas cette langue, vous verrez que Karajan parle beaucoup.


Karajan joue une phrase musicale puis il interrompt l’orchestre, lui demande de rechercher un résultat sonore en expliquant ce qu’il veut, puis Il rejoue. 


S’il obtient son résultat, il continue.


Sinon il l’interrompt à nouveau, puis il ré-explique, ré-insiste, et réessaie. Et ainsi de suite pour toutes les phrases de toute la symphonie…


Ce processus prend un temps fou, beaucoup de paroles et la succession de "stop and go" est pénible pour l’orchestre.


Pourquoi Karajan choisit-il cette méthode ? 


Car il travaille dans des conditions temporelles illimitées (Karajan avait un contrat à vie avec l’orchestre, il n’avait donc pas de contraintes de temps et d’humain).


Aujourd’hui, nous ne sommes pas dans les conditions de Karajan.


Le temps nous happe. Capter l’attention humaine est un enjeu.


Voici les 3 aspects que nous explorons en orchestre pour reprendre (un peu) la maîtrise du temps. 


Règle n°1 : Densifiez vos propos

Dans un orchestre, chaque action et chaque décision que vous prenez comme chef d’orchestre ont un impact sur la perception des musiciens.


Par conséquent, votre action forge l’espace-temps dans lequel l’humain se meut. 


Si vous tenez des propos basiques, les musiciens auront une perception banale du moment. Ils s’ennuieront. Le temps leur paraîtra plus long. 


Au contraire, si vous densifiez votre propos en le rendant plus profond, juste et pertinent, alors la perception des musiciens sera différente. Ils ne verront pas le temps passer. 


La raison est que vous avez densifié l’espace, ce qui change la perception du temps.


Densifier signifie "rendre plus épais". 


Plus vous condensez votre propos, plus vous augmentez l’adhésion positive de l’orchestre.

Plus le propos est fort, plus le temps paraît court. 



Règle n°2 : Agissez en silence

Vous pouvez gagner en efficacité si vous êtes capable d’agir en silence. 


Pour un chef d’orchestre agir en silence par ses gestes, sa mimique, sa transmission de pensée, représente un atout considérable. 


Quand il joue, l’orchestre est porté par son propre processus (son inertie). 


L’orchestre a une bien meilleure perception du temps, si le chef évite de l'interrompre mais parvient à orienter les musiciens sans rompre leur activité. 


Il se fait pour cela comprendre par télépathie de ses intentions, et par le langage corporel.


L’action silencieuse renforce votre maîtrise car elle ne surcharge ni l’espace ni le temps.


Elle ne casse pas le processus qui mène à l'harmonie.



Règle n°3 : Utilisez le Temps Empathique

Entre le chef et l’orchestre existe un rapport ternaire: 

Le chef déclenche. 

Les musiciens ne jouent pas tout de suite. 


Les musiciens ont besoin d’un temps de réaction pour s’ajuster, que nous appelons l'"Understanding".


1. Le chef déclenche

2. Les musiciens comprennent et se préparent  ("Understanding")

3. Ils jouent 


La plupart des erreurs de chef d’orchestre provient d’une absence de phase 2 (manque de temps de préparation et de compréhension laissé aux musiciens.).


Cela est dû à la précipitation, l’impatience ou l’inconscience pour les mauvais chefs. Parfois la pression même pour les bons chefs.


Il s’en suit une incompréhension, voire une tension et frustration de l’orchestre, qui est dans l'impossibilité de délivrer.


Un bon chef tient compte du temps dont l’autre a besoin, ce que nous nommons le temps emphatique.


= = =


En résumé


Quand l’orchestre joue une note, vous-chef d’orchestre devez rendre cette note intéressante au présent (règle n’1) et préparer le futur (règle n’3). En même temps vous analysez comment cette note est jouée par l’orchestre par rapport aux notes précédentes (le passé). Et vous faites cela dans le silence (règle n’2)


Par conséquent, Vous êtes dans 3 temporalités simultanément : le passé, le présent et le futur. 


Pour influencer l'orchestre, la maîtrise du temps n’est pas à rechercher isolément.


La Maîtrise du temps est toujours reliée à la maîtrise de l’espace et à la perception humaine.



Sylvain AUDINOVSKI




LE TEMPS - LIENS


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